Né en 1766 dans le Sud-Est de l’Angleterre, Thomas Malthus devient pasteur après des études à l’université de Cambridge, puis professeur d’histoire et d’économie politique au collège de la Compagnie anglaise des Indes orientales. Comme toute l’intelligentsia européenne, il suit de près les évolutions de la Révolution française et les productions philosophiques afférentes, notamment les réflexions développées par Nicolas de Condorcet (1743-1794) et William Godwin (1756-1836) sur la possible perfectibilité de l’homme. C’est à ces deux penseurs qu’il adresse en 1798 son premier ouvrage intitulé : Essai sur le principe de population en tant qu’il affecte la future amélioration de la société, avec des remarques sur les spéculations de Mr Godwin, M. Condorcet et autres écrivains.
Appétits naturels
Dans ce livre, qui rencontre immédiatement un grand succès et qui fera l’objet de six éditions revues et augmentées, Malthus tente d’identifier les causes et les moyens d’endiguer la pauvreté dont est victime une partie de la population anglaise. Il part du principe que l’instinct sexuel et le fait de se nourrir sont une constante et une « nécessité » chez l’homme. Ces deux appétits naturels et immuables entrent en contradiction selon lui, au point de constituer « le grand obstacle […] sur le chemin de la perfectibilité de la société ». Car, si les hommes se reproduisent plus vite que les ressources ne peuvent s’accroître, cela ne peut qu’entraîner une hécatombe. Pour Malthus, la population est donc vouée à augmenter naturellement jusqu’à atteindre la limite des ressources disponibles. Alors, guerres, épidémies et famines la ramènent brutalement à un niveau plus bas, et le processus peut de nouveau se répéter, inlassablement.