Il existe deux types de perturbations du développement du langage : les retards simples de parole ou de langage (bénins), et les réelles dysphasies de développement (sévères – qui peuvent constituer un fort handicap dans la vie sociale de l’enfant).
Prenons le temps de distinguer le retard de parole du retard de langage. Un enfant qui présente un retard de parole va produire certains mots avec de mauvais phonèmes : par exemple, il dira « barcher » au lieu de « marcher » et, à l’inverse, sera en capacité de produire le phonème [m] quand il prononcera le mot « maman ». Dans le cas d’un retard de langage, le déficit est double. En plus de présenter un retard de parole, l’enfant éprouve des difficultés (plus ou moins importantes selon les enfants) à combiner les mots pour en faire des phrases correctes syntaxiquement. Si certains vont juste produire des phrases bancales d’un point de vue grammatical, d’autres vont jusqu’à omettre des mots-clés tels que des articles (le, la, un, des…) ou des pronoms (je, tu, il, aucun, le mien, le tien, qui, que, quoi…). Ces altérations du langage se résorbent spontanément vers l’âge de 3 à 5 ans.
À l’inverse, les dysphasies de développement sont des troubles significatifs qui persistent bien au-delà de 5 ans. À noter que « le simple retard de langage est bien plus fréquent d’un trouble dys », rappelle Alice Rose, orthophoniste au Centre de référence des troubles spécifiques du langage à l’hôpital Pellegrin-Enfants de Bordeaux. Marc Delahaie, médecin phoniatre et auteur du livre L’Évolution du langage chez l’enfant : de la difficulté au trouble (INPES, 2004), identifie trois groupes de dysphasie :
– Les dysphasies dont les troubles prédominent sur le versant expressif : l’enfant s’exprime de manière inintelligible alors qu’il comprend parfaitement ce qu’on lui dit.
– Les dysphasies dont les troubles altèrent à la fois le versant réceptif et le versant expressif (non seulement l’enfant présente des altérations de l’articulation, de la syntaxe et/ ou de la grammaire, ce qui ne le rend pas compréhensible aux oreilles de ses interlocuteurs, mais il souffre, en plus, d’une compréhension réduite)
– les dysphasies en rapport avec un trouble de la formulation du langage dont le déficit est avant tout sémantique et pragmatique : l’enfant structure correctement ses phrases et son vocabulaire, mais ne parvient pas à adapter son langage au contexte et éprouve des difficultés à comprendre les discours complexes de ses interlocuteurs.
« Dans le cas précis des troubles Dys, le diagnostic se fait en équipe et nécessite un avis médical, un bilan psychologique et un bilan orthophonique. Ce diagnostic se fait par exclusion : il ne peut être diagnostiqué qu’en l’absence de trouble neurologique (telle qu’une épilepsie), d’une carence environnementale sévère, d’un trouble sensoriel ou d’un retard mental, ou d’un trouble psychopathologique », note Alice Rose. L’orthophoniste note que l’hypothèse de la cause neurodéveloppementale est la plus reconnue actuellement. Pour ce qui est des retards de langage, il peut s’agir d’une carence affective précoce, d’une maltraitance, d’une infection de la sphère ORL, d’un manque de stimulation, d’une sur-exposition aux écrans, etc.