Un désir d'autorité ?

Le succès des partis populistes révèle des aspirations contradictoires au sein des sociétés : d’une part, la volonté de participer à la décision ; d’autre part, une méfiance croissante vis-à-vis du modèle démocratique.

La démocratie n’avait jamais été autant mise en question qu’entre 1919 et 1939, pendant l’entre-deux-guerres, à l’ère des totalitarismes. En revanche, les lendemains de la Seconde Guerre mondiale et le contexte de la guerre froide coïncidèrent avec sa période la plus faste. Ce fut le règne de la démocratie considérée comme un absolu en Europe de l’Ouest. L’effondrement de l’Union soviétique après 1989 parut augurer un triomphe encore plus général. Francis Fukuyama parla de « fin de l’histoire », c’est-à-dire d’un monde parvenu à la plénitude démocratique.

La fin de l’histoire, une euphorie fragile

Toutefois, sur le plan européen, cette euphorie civique s’est trouvée perturbée dès les années 1990 par deux événements. D’une part, l’implosion de la « première » République italienne, régie jusqu’alors par le binôme Démocratie chrétienne/Parti communiste, et son remplacement par la figure semi-autoritaire de Silvio Berlusconi. D’autre part, l’apparition de nouvelles formations populistes non seulement en Italie mais aussi en France, au Danemark et en Norvège, principalement. Ces partis devinrent quasiment institutionnels dans ces deux derniers pays. Ils engendrèrent une concurrence déstabilisante en Italie et progressèrent plus lentement en France, avec le Front national (renommé Rassemblement national en 2018).