Understanding Collapse

Understanding Collapse . Ancient history and modern myth, Guy D. Middleton, Cambridge University Press, 2017, 442 p., 33,50 € env.

« La gorge serrée, je dicte ces paroles (…). La cité qui domina le monde est tombée. La famine l’a ravagée, l’épée l’a achevée, et quelques citoyens n’ont été épargnés que pour devenir esclaves. Dans cette folie, les gens affamés se sont tournés vers de hideuses nourritures, déchirant les membres de leur voisin pour en arracher quelques lambeaux de chair. Même la mère n’a pas épargné le bébé serré à son sein. » Cette description par saint Jérôme de la chute de Rome en 410 face aux Wisigoths est-elle fiable ? Cette énumération d’atrocités est en fait une retranscription de textes bibliques comme les prophéties d’Isaïe. Elle est davantage le reflet des préoccupations du traducteur de la Vulgate qu’une description de ce qui s’est passé. Selon l’archéologue Guy D. Middleton, on peut en dire autant de la « collapsologie », ou étude des effondrements sociétaux : le succès de cette discipline émergente est un reflet de nos inquiétudes contemporaines. Ses références, Effondrements de Jared Diamond, ou L’Effondrement des sociétés complexes de Joseph Tainter, inspirent des théories médiatisées, qui prétendent expliquer la fin des cités-États mayas par une sécheresse, le destin de l’île de Pâques par la déforestation, la chute de l’Empire romain par les invasions barbares. L’auteur constate que ses collègues sont gênés par ces simplifications et renâclent à recourir à la notion d’effondrement, qui leur serait pourtant utile, à condition d’en user non pas à la façon de saint Jérôme, mais avec prudence et méthode.