Voisins de passage est un exercice d’histoire à l’échelle d’un bloc d’immeubles de La Plaine-Saint-Denis situé aux n° 96, 98, 100 et 102 de l’avenue de Paris (rebaptisée avenue du Président-Wilson en 1919). Entre 1882 et 1932 se croisent sur leurs paliers des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants venus d’ailleurs pour travailler dans les usines des portes de Paris alors en plein développement. Originaires de régions et de pays divers, ils ont quitté un village ou un pays natal et se retrouvent dans ces logis peu reluisants. Cette plongée dans ces vies de locataires modestes permet à Fabrice Langrognet de distinguer des phases de peuplement sur fond de soubresauts géopolitiques. Jusqu’en 1898, ce sont des migrants venus de l’Est de la France, de l’Alsace-Lorraine annexée et des territoires allemands frontaliers qui sont majoritaires. Ensuite, jusqu’en 1908, ce sont des Italiens originaires de certaines vallées qui prennent le relais. Viennent après eux les Espagnols, jusqu’en 1914. Pendant la Première Guerre mondiale, les zones occupées du Nord de la France fournissent l’essentiel du contingent des nouveaux venus. Après 1918, c’est le tour de l’Europe de l’Est.