Une histoire du nomadisme humain

Homo migrans. De la sortie d’Afrique au grand confinement, Jean-Paul Demoule, Payot, 2022, 432 p., 23 €.

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L’anthropologue Fritz Graebner (1877-1934) jugeait, au siècle dernier, qu’il était inutile de tenter de reconstituer les migrations humaines tant l’homme n’avait cessé de parcourir la Terre en tous sens. Tout au plus pouvait-on définir des « cercles de culture », ce à quoi il s’attacha. F. Graebner se trompait, car comme le montre ici Jean-Paul Demoule, on peut aujourd’hui retracer des migrations anciennes mais qui sont toutes issues de multiples métissages. C’est pourquoi à un Homo bipède, à un Homo narrans (celui qui raconte des histoires), à un Homo habilis (utilisateur d’outils), on peut ajouter un Homo migrans, qui est le sujet de ce livre. Ne sommes-nous pas grâce à la culture non seulement l’unique primate parmi les 182 espèces identifiées à avoir colonisé l’ensemble de la planète, mais même le seul animal à l’avoir fait ? Le livre de J.P. Demoule s’attache à retracer cette aventure depuis le peu que nous savons de la conquête de l’Afrique par les Australopithèques, la sortie du continent des différents types d’Homo erectus (et leurs descendants), puis celle de sapiens, jusqu’aux migrations les plus récentes, y compris celles des retraités héliotropes, en passant par celles, triste constante, des persécutés de toutes sortes (fuites ou déportations de populations).