Vivre sans famille ?

Vers la fin du couple

Les déboires du couple condamnent-ils la famille à disparaître ? Selon Marcela Iacub, rien n’empêche la monoparentalité d’incarner son avenir, sous réserve de quelques aménagements.

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Qu’est-ce qu’une société où la famille n’existerait plus ? Parmi les imaginaires possibles, on trouve celui de l’abolition de toute filiation. Dans un monde utopique, les nouveau-nés seraient enlevés à leurs géniteurs et plus aucun lien de parenté ne serait reconnu entre adultes et enfants. L’État ou une autre organisation prendrait en main l’éducation collective de ces derniers jusqu’à leur majorité. Déchargé de toute obligation parentale, chacun vivrait à sa guise en couple, seul ou en communauté sans jamais former à proprement parler de famille. Cet imaginaire est à vrai dire plus cauchemardesque qu’enviable, car on conçoit mal de parvenir à un tel résultat sans exercer des contraintes autoritaires, destructrices de liens affectifs et dénuées d’humanité.

Dans un autre sens, si on prend la peine d’analyser les transformations (juridiques, économiques, sociales) qui ont affecté la famille en tant qu’institution depuis quelques décennies, on peut imaginer que bientôt nous serons amenés à vivre dans une société « sans famille » ou, du moins, dans laquelle il sera nécessaire de donner à cette expression un sens nouveau.

Les observateurs des transformations de la famille depuis quelques décennies n’en sont pourtant pas toujours convaincus. À leurs yeux, la famille issue des codifications napoléoniennes du début du 19e siècle s’est modernisée, adaptée, démocratisée, mais conserve un noyau très stable : celui qui associe un couple à ses enfants. La famille équilibrée et souhaitable résulte de l’union de deux personnes mettant au monde un ou plusieurs enfants. Et ce modèle doit, à leurs yeux, être préservé contre tout ce qui peut le menacer.