Vincennes, symbole vivant de 68

Bâtie en toute hâte en plein bois de Vincennes, l’université du même nom ouvre dès la rentrée 1968-1969.
L’université se veut résolument contemporaine par son équipement et son environnement : moquette dans les amphis, petites salles de cours équipées de téléviseurs reliés à une régie centrale, mobilier Knoll, le tout dans un cadre verdoyant… « Derrière l’agitation militante des uns et l’hédonisme affiché des autres, il y a les travaux et les jours, le labeur souterrain qui se veut le plus moderne, le plus scientifique de toutes les universités de lettre de l’Hexagone », écrit François Dosse. Le projet est d’en faire un petit MIT, à rayonnement international.
Tout le gratin de la nouvelle intelligentsia est présent : Michel Foucault, Jacques Lacan, Jean-François Lyotard, Gilles Deleuze… et ici Hélène Cixous discutent à bâtons rompus avec les étudiants.
Vincennes insuffle aussi un vent d’innovations pour l’université à venir : pluridisciplinarité, invention des unités de valeur capitalisables, pédagogie au plus proche des étudiants, enseignement de la psychanalyse…
La « faculté-vitrine » tombera rapidement en déshérence, asphyxiée par la pénurie de moyens et l’afflux d’inscriptions excédant ses capacités. Ce symbole vivant de l’esprit de Mai sera transféré à Saint-Denis (Paris-VIII).