Vivre sans enfant

Environ 5% des Français choisissent de ne pas avoir d’enfants. Qui sont-ils ? Comment expliquer leur décision ?

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On imagine la famille avec enfants comme la forme dominante de notre organisation sociale. C’est pourtant loin d’être le cas. Sur les 29 millions de ménages que comptait la France en 2015, plus d’un tiers était formé d’une seule personne, un autre tiers de deux personnes, quand à peine un tiers était composé de trois personnes ou plus 1. La part de ménages sans enfant mineur augmente, passant de 65 % en 1990 à 72 % en 2015. Un phénomène dû à la hausse du nombre de personnes seules et de couples sans enfants.

Le célibat, un phénomène ancien

La France compte une forte proportion de célibataires. Ils sont âgés d’une vingtaine et d’une trentaine d’années, mais aussi sexagénaires ou plus, en raison de l’allongement de la durée de vie – dans ce dernier cas, les femmes célibataires sont plus nombreuses.

Ce célibat est un phénomène plutôt urbain, surreprésenté dans l’agglomération parisienne. Le sociologue Jean-Claude Kauffmann2 y voit une oscillation entre « la jouissance de son indépendance et le désir de faire couple ». Il est toutefois difficile de démêler ce qui relève du choisi ou du subi.

Le célibat actuel s’inscrit en tout cas dans le cadre de reconfigurations profondes : il ne s’agit plus d’exister socialement en tant qu’époux ou épouse, chef ou mère de famille, mais en tant qu’individu maître de son existence. Pour autant, la question du célibat n’est pas une problématique contemporaine, liée à l’évolution récente de nos sociétés. Il y a plus d’un siècle, le démographe français Jacques Bertillon agitait déjà le spectre du célibat massif, qu’il associait d’ailleurs à un plus haut taux de suicide. Sa thèse eut un certain écho outre-Atlantique au tournant du 20e siècle 3, sur fond d’inquiétudes natalistes et d’angoisses de disparition de la classe anglo-saxonne blanche protestante.