Voici venir les psys 2.0

Applis, intelligence artificielle, robots et avatars face à l’autisme, la schizophrénie, les troubles anxieux… De nouveaux outils thérapeutiques sont testés tous azimuts. En quoi consistent-ils ? Sont-ils efficaces ?

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Dans le film Her de Spike Jones, Théodore, un trentenaire torturé après une rupture difficile, décide de faire l’acquisition d’un système informatique intelligent, capable de s’adapter à la personnalité de l’utilisateur. Il fait ainsi la connaissance de Samantha, la voix suave et charmante d’une femme bienveillante envers lui, dotée d’humour, d’intuition et de compassion. La machine devient si complexe, si « humaine », que les sentiments qu’elle éprouve se rapprochent d’un amour (réciproque) pour Théodore, qui lui permet de retrouver le goût de la vie. Le synopsis de ce film évoque que le décor se pose dans un futur proche. De plus en plus proche ? L’avenir du psy 2.0. est-il en train de se dessiner ?

Applis, réalité virtuelle, robots

Le dispositif le plus « simple » à implémenter et sans doute le plus proche d’une thérapie « classique » est la thérapie en ligne. Comme le décrivent les psychiatres Barr Taylor et Kristine Luce de l’université de Stanford, Internet facilite tout naturellement la mise en place de programmes combinant les éléments d’une thérapie traditionnelle. En pratique, les supports utilisés peuvent donc varier en nombre et en forme : des groupes de soutien par Skype ou via des chats, des consultations en ligne en direct avec le thérapeute (il existe même des associations de thérapeutes en ligne, et d’autres qui vérifient la compétence et le crédit de ces thérapeutes), des séances de psycho-éducation par vidéo, des rappels pour tenir à jour et contrôler ses symptômes par email, etc.

Dans le même ordre général d’idées, mais avec un peu plus de distance envers le thérapeute, il existe des thérapies dites « self-help », dans lesquelles le patient/l’utilisateur est un peu plus autonome. Ces thérapies sont principalement basées sur la psycho-éducation, couplée à des exercices pratiques visant la mise en place de stratégies concrètes de régulation de l’émotion, des comportements ou des schémas de pensée. L’utilisation de plus en plus répandue des smartphones est bien sûr un terrain propice à ces thérapies puisque l’utilisateur est alors « à portée », où qu’il soit et en permanence. Il existe de nombreuses applications de smartphone spécifiquement dédiées à la santé mentale, les Mental Health Apps (MHapps), généralement automatisées mais capables de s’adapter à la demande de l’utilisateur, ou en tout cas aux informations qu’il encodera dans l’application. Elles peuvent être utilisées seules ou en complément d’une thérapie en ligne qui permettra des sessions en direct avec le praticien, et sont le plus souvent destinées à une catégorie spécifique de troubles. De façon synthétique, ces applications fonctionnent en recueillant au départ, puis à des intervalles réguliers, des informations concernant les symptômes et l’humeur, via des notifications rappelant de bien tenir à jour son « journal de l’humeur », par exemple. Elles fournissent également des stratégies comportementales ou cognitives pour gérer ces symptômes et les émotions qui y sont associées, envoient des messages de soutien et de motivation, et, pour certaines, proposent des outils complémentaires comme des séances de relaxation ou de méditation guidées.

Les thérapies en réalité virtuelle, plus sophistiquées et plus coûteuses à élaborer, sont une autre option. Elles visent à plonger l’individu dans un monde virtuel paramétré pour l’immerger dans des situations choisies pour leur valeur thérapeutique. Cet outil est très centré sur des scénarios de type cognitivo-comportemental comme l’exposition progressive, l’analyse de situations, le feed-back, ou encore le détournement de l’attention des stimuli indésirables. Enfin, le robot peut être défini comme un système d’intelligence artificielle, souvent un agent physique/mécanique, mais parfois aussi virtuel (un avatar). Il peut faire preuve de comportements intelligents et se montrer autonome, semi-autonome, ou contrôlé à distance par une personne. Parmi les robots autonomes, on distingue les systèmes d’assistance des systèmes interactifs (ou robots sociaux) : un robot est défini comme social/interactif quand il possède une apparence anthropomorphique ou symbolique et interagit avec l’humain dans un but d’apprentissage, de distraction ou de thérapie. Le terme « robothérapie », proposé par deux chercheurs de l’université du Maryland, renvoie à des interventions assistées ou augmentées par des robots interactifs. Selon Daniel David et ses collègues de l’université Babes-Bolyai, en Roumanie 1, les robots peuvent alors prendre différents rôles, d’importance variable, tels que le thérapeute, le médiateur ou l’assistant :