ZIMBARDO Quand la psychologie vous escroque

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L’expérience a marqué les esprits. Placez dans une prison quelques étudiants volontaires. Donner aux uns une tenue de prisonnier et aux autres un uniforme de gardien, avec comme consigne de jouer au maton et au voleur. Laissez macérer quelques jours et observez ce qui se passe. Très vite, l’un des gardiens va faire preuve de vrai sadisme vis-à-vis de ses faux prisonniers, obligeant les expérimentateurs à arrêter l’expérience prématurément.

Pour son auteur, Philippe Zimbardo, « l’expérience de Stanford » confirmait la théorie qui veut que des individus ordinaires puissent se muer en bourreaux si l’occasion et le statut le leur permettent. Cela signifie que c’est la situation (et non la personnalité) qui explique les comportements. Voilà pour la leçon de psychologie sociale.

Sauf qu’a posteriori, il est apparu que P. Zimbardo avait très largement « manipulé » les données pour confirmer par avance ses conclusions ; les étudiants avaient notamment été briefés par avance sur les buts de l’expérience et ce qu’on attendait d’eux.

Des tricheries scientifiques de ce type sont – heureusement – rares en psychologie. Elles ne sont pas de nature à jeter le discrédit sur la profession. En revanche, ce qui est plus inquiétant est que six expériences sur dix ne sont pas reproductibles par des collègues ! Voilà qui jette un gros doute sur la validité de la démarche expérimentale. Ce qui est très dérangeant pour une discipline qui se veut scientifique et dont les acquis reposent sur l’administration de la preuve.

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Pour aller plus loin…

  • Histoire d’un mensonge. Enquête sur l’expérience de Stanford
    Thibault Le Texier, Zones, 2017.