Excommunications réciproques
Les invasions germaniques en Occident ne modifient pas cette optique, les rois héritant naturellement des prérogatives impériales. Le plus célèbre pape du haut Moyen Âge, Grégoire le Grand, est d’ailleurs un fidèle sujet de l’Empire byzantin. Il faut attendre le VIIIe siècle pour que les deux parties de la chrétienté divergent dans leur évolution. L’Occident refuse l’iconoclasme (717-843). Les Carolingiens s’appuient sur la papauté pour accéder au trône (751) puis obtenir une couronne impériale (800) ; en échange se crée le mythe de la donation de Constantin, qui aurait concédé un État au pape. La papauté s’affranchit des Carolingiens au IXe siècle. Elle tente en vain de jouer un rôle dans la conversion des Bulgares, puis d’affirmer un droit de jugement en appel des décisions de l’Église byzantine. C’est alors que s’affrontent le pape Nicolas Ier (858-867) et le patriarche Phôtios.
Les arguments doctrinaux avancés sont souvent secondaires, mais montrent la divergence des usages entre chrétiens d’Occident et d’Orient : communion au pain azyme ou fermenté, port de la barbe ou non par les prêtres, mariage ou célibat de ceux-ci. La seule question touchant au fond du dogme consiste à savoir si le Saint-Esprit procède du Père et du Fils (Rome) ou du Père seul (Constantinople). Dès les années 880, cette querelle (dite du filioque) s’estompe et les relations entre les deux parties de la chrétienté, devenues plus rares, connaissent peu de conflits.