Les trois ruptures de la séparation
Un an plus tard, la Chambre adopte, en première lecture, la loi de séparation. Seuls deux députés du centre gauche approuvent A. Briand quand celui-ci loue la loi. Les radicaux la votent, tout en affirmant qu’il faudra la modifier (c’est-à-dire la durcir). La droite la rejette, même si elle a contribué à la façonner. Pour la louer de façon quasi unanime, il faudra attendre 2005 et la célébration de son centenaire. Sur le moment, la loi mécontente les catholiques, les anticléricaux et même une majorité de républicains.
Les catholiques y voient la fin de la France « fille aînée de l’Église ». À un franc-tireur comme le philosophe Ferdinand Brunetière, qui affirme que « la loi nous permet de croire ce que nous voulons et de pratiquer ce que nous croyons », le député Albert de Mun oppose l’« apostasie » (mots-clés ci-dessous) de la nation. L’article 2 abolit le Concordat (mots-clés ci-dessous) et met fin au système des cultes reconnus – la République « ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». L’identité de la France n’a plus aucune dimension religieuse, mais la Constitution attendra quarante ans avant d’en prendre acte.
Les anticléricaux n’acceptent pas l’article 1, dans lequel la République non seulement « assure la liberté de conscience » mais aussi « garantit (le terme est fort) le libre exercice des cultes ». C’en est fini du combat « émancipateur » contre la religion, de l’anticléricalisme d’État. A. Briand l’a indiqué, la séparation de 1905 est aussi une séparation entre l’État et la libre-pensée (mots-clés ci-dessous).