68, et après

68, et après. Les héritages égarés, Benjamin Stora, Stock, 2018, 184 p., 17,50 €.

Cinquante ans après le « soleil » de Mai, la gauche française n’est plus que l’ombre d’elle-même et rien n’incite à parier sur la résurrection du Parti socialiste, qui fut longtemps son navire amiral. Aussi moribond aujourd’hui que l’était son ancêtre, la SFIO, il y a un demi-siècle, le parti d’épinay a drainé dans ses rangs nombre de représentants de la génération 68. Pour ces anciens révolutionnaires de Mai, l’entrée au PS aurait dû constituer le prolongement des engagements nés dans l’effervescence étudiante. Ancien permanent de l’Organisation communiste internationaliste (trotskiste d’obédience « lambertiste »), Benjamin Stora a nourri avec d’autres cet espoir déçu dont son récit personnel livre les jalons. Son expérience de Convergences socialistes, comme lieu de jonction entre l’héritage idéologique de Mai et la construction d’une gauche de gouvernement, ne survit pas à l’époque des carrières politiques. C’est en voyant cette nouvelle gauche manquer son rendez-vous avec la question migratoire que l’auteur de La Gangrène et l’Oubli opère son propre retour aux racines et acquiert son rang d’historien de l’Algérie qui l’a vu naître.