« Ah, comme vous me faites rire ! »

Le rire. Enquête sur la plus socialisée de toutes nos émotions, Laure Flandrin, La Découverte, 2021, 392 p., 24 €.

La sociologue Laure Flandrin explore les fonctions sociales du rire : c’est un moyen de résoudre nos tensions internes, mais aussi un puissant levier de distinction sociale.

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Quel rôle le rire joue-t-il dans nos échanges quotidiens ? C’est la question que pose dans ce livre Laure Flandrin, maîtresse de conférences à l’ENS-Lyon et sociologue spécialiste des morales sociales, économiques et professionnelles. Un sujet qu’elle a exploré en profondeur dans le cadre de sa thèse soutenue en 2016 sous la direction de Bernard Lahire. Dans la veine de ce célèbre sociologue, la doctoresse s’est intéressée aux dispositions* 1 sociales qui poussent à rire (ou pas).

À l’issue d’une enquête auprès d’une quarantaine de personnes de diverses origines sociales et d’une analyse fine de la littérature des sciences humaines sur le rire, L. Flandrin tire cette conclusion : le rire est un puissant marqueur identitaire. Il permet de définir et classer les individus, de les positionner dans l’espace social. Il est à la fois un révélateur des expériences personnelles (par exemple, certains sujets peuvent faire plus ou moins rire quand on les a vécus personnellement), mais c’est aussi un révélateur des grands clivages qui traversent la société, notamment le sexe, la race, l’origine sociale ou encore la nationalité.