Aides-soignantes et infirmières, au cœur de l'hôpital

Lorsqu’on évoque l’hôpital, c’est d’abord au médecin que l’on pense. Pourtant, aides-soignantes et infirmières y sont proportionnellement bien plus nombreuses…

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Les médias mettent parfois à la une des images héroïques de soignants. Le plus souvent, ce sont des médecins qui sont pris en exemple pour rendre compte de spectaculaires réussites chirurgicales dans les grands hôpitaux. Mais la réalité quotidienne du soin à l’hôpital est beaucoup plus variée et souvent plus prosaïque : d’une part, les malades, quelles que soient la raison et la durée de leur séjour, ont besoin d’être aidés pour effectuer les actes basiques de la vie quotidienne (toilette, habillage, alimentation, gestion des besoins élémentaires) ; d’autre part, la division du travail à l’hôpital fait que les prescriptions médicales doivent être appliquées par des « petites mains ». Ces tâches sont aujourd’hui assurées par les aides-soignantes et les infirmières, les deux catégories les plus nombreuses de l’ensemble des personnels des établissements de santé. En 2016, la Drees 1 compte ainsi 315 000 infirmières et 227 000 aides-soignantes qui assurent 24 heures sur 24 l’essentiel de la présence soignante dans les établissements de santé, majoritairement comme agents de la fonction publique hospitalière (aux 2/3) ou en CDI dans les établissements privés. Elles sont encore plus nombreuses si l’on y ajoute leurs homologues des Ehpad 2 – où elles tiennent souvent lieu, en particulier la nuit, de seule présence soignante –, ainsi que celles exerçant à domicile. Et ces effectifs n’ont cessé de croître ces dernières années.

L’emploi du féminin pour nommer ces deux métiers peut surprendre, tant le « masculin neutre » est répandu. C’est que de façon persistante, les hommes sont très minoritaires dans ce domaine professionnel (moins de 10 %). L’attrait des femmes pour ces métiers est souvent rapporté à leur goût pour le soin et le souci des autres, qui viendraient « naturellement » prolonger le rôle domestique qu’elles jouent auprès de leurs enfants ou de leurs parents malades. À la maison comme au travail, elles mobiliseraient ainsi des « qualités personnelles », telles que la bienveillance ou la compassion. Mais cette interprétation masque la construction sociale de la division du travail sexuée en vigueur dans l’espace familial qui empêche, dans l’espace professionnel, la reconnaissance à leur juste valeur, notamment salariale, de ces compétences invisibilisées.

La construction de la profession d’infirmière

Après avoir été un lieu d’hébergement des indigents, soumis au pouvoir religieux, l’hôpital s’est transformé peu à peu en une institution de soins médicalisée, ouverte à tous les malades. La qualification – en plus de la laïcisation – du personnel placé en contact direct et continu avec les patients est apparue de plus en plus comme une nécessité. Si le terme « infirmier » désignait encore au 19e siècle tout personnel laïc des hôpitaux, il a pris peu à peu un sens plus restreint pour être réservé à un personnel qualifié, formé dans des écoles, puis doté d’un diplôme d’État (DE), exerçant dans un cadre réglementé. La fonction d’une infirmière a cependant longtemps été limitée à l’exécution docile des prescriptions du médecin, même si ses tâches se sont complexifiées et diversifiées sous l’effet de l’évolution des techniques médicales et chirurgicales.