L'amnésie du voyageur
Elle a été observée chez des voyageurs ayant absorbé un médicament voué à minimiser les effets du décalage horaire. L’intéressé ne peut plus rien mémoriser, et a oublié son passé récent. Pourtant, son comportement est normal et lui-même ne se rend compte de rien. Le trouble se prolonge une journée environ. Dans un phénomène similaire, l’« ictus amnésique », le sujet est conscient de ne pas être dans son état normal, et pose des questions incessantes pour comprendre ce qu’il a. Le plus souvent, ce trouble apparaît non pas suite à une médication, mais après un traumatisme crânien, des émotions fortes ou des efforts physiques importants. Il dure quelques heures, et ne survient plus jamais.Le déjà-vu
Tout à coup, vous êtes persuadé d’avoir déjà vécu la scène présente. Dans un état de quasi-hébétude, vous pouvez presque prédire ce que va dire votre interlocuteur… Mais tout effort de concentration sur le phénomène le fait disparaître. C’est le déjà-vu, terme français qui s’est imposé dans le monde depuis les années 1870. Tout le monde ou presque (70 % d’entre nous) l’a expérimenté au moins une fois dans sa vie, surtout dans sa jeunesse. Certains n’ont pas manqué d’y voir une preuve de la réincarnation ou de l’éternel retour cher aux stoïciens, puis à Friedrich Nietzsche. Hélas pour eux, il existe aussi des moments de « jamais-vu », où une situation tout à fait banale prend une tonalité singulière, comme si elle était vécue pour la première fois. Plus prosaïques, les scientifiques avancent donc l’hypothèse d’un dysfonctionnement ponctuel des zones cérébrales qui classent en temps normal notre expérience présente en « familière » ou en « inédite »…
A LIRE :
• La Sensation de déjà vuRemo Bodei, Seuil, 2007.
La mémoire panoramique
En 1871, le géologue suisse Albert Heim dévisse lors de l’ascension d’une montagne, et fait une chute qu’il imagine mortelle. Aussitôt, sa vie entière défile devant ses yeux, avec une impression d’ineffable sérénité. Ayant survécu contre toute attente, il consacre les vingt années suivantes à recueillir le témoignage d’alpinistes ayant connu la même situation. Leurs récits corroborent souvent le sien. Nous savons aujourd’hui que le phénomène est relativement banal en cas de danger de mort, sans qu’une explication définitive ait encore été trouvée. D’après une étude américaine de 1977, le panorama des souvenirs serait pourtant peu fréquent en cas de chute (9 % des sujets étudiés). Il s’observerait surtout pendant les accidents de voiture (33 %) et la noyade (43 %).
A LIRE :
• Pourquoi la vie passe plus vite à mesure qu’on vieillitDouwe Draaisma, Flammarion, 2008.