Tatillonne sur la préservation de ses châteaux et cathédrales, la France, selon Jean-Paul Demoule, est beaucoup moins concernée par son patrimoine archéologique ancien. Ainsi, le musée du Louvre est-il rempli de trésors gréco-romains et égyptiens, mais n’expose pas d’objets trouvés sur le sol national. Spécialiste du Néolithique, l’auteur déplore la faible place dévolue à cette époque dans la recherche archéologique, liée sans doute à un récit national dans lequel « nos ancêtres les Gaulois » sont des vaincus de l’histoire, perçus à tort comme des « barbares ». Chercheur impliqué dans la création de l’Inrap, J.P. Demoule décrit comment il s’est engagé pour sauvegarder de nombreux sites menacés par des projets de parkings ou de voies ferrées, et faire advenir en 2001 la loi sur l’archéologie dite préventive, obligeant les aménageurs à réaliser des diagnostics avant de lancer leurs chantiers. Une petite révolution qui, multipliant les surfaces concernées, a bouleversé notre compréhension de l’histoire du pays. J.P. Demoule revient par le menu sur les débats législatifs autour d’enjeux concrets, tels que le statut des vestiges (propriété intégralement nationale depuis 2016), les différentes techniques de diagnostic (les photographies aériennes « non intrusives », qu’il juge moins efficaces que les tranchées), ou encore les effets de la délégation de certaines fouilles à des entreprises privées.
Aux origines, l'archéologie
Aux origines, l’archéologie. Une science au cœur des grands débats de notre temps, Jean-Paul Demoule, La Découverte, 2020, 332 p., 19,90 €.