Cachez ce travail que je ne saurais voir

Cachez ce travail que je ne saurais voir. Ethnographies du travail du sexe. Marylène Lieber, Janine Dahinden et Ellen Hertz (dir.), Antipodes, 2010, 228 p., 23,50€

La production scientifique sur la prostitution et les activités sexuelles tarifées est abondante. Mais il est plus rare que les chercheurs les considèrent comme un travail. Les contributions réunies ici, tirées d’un colloque tenu en 2008, ont en commun d’essayer de décrire les activités de ces travailleurs (prostituées, acteurs et réalisateurs de porno, danseuses de cabaret…), activités qui, pour être liées au sexe, ne sont pas toujours sexuelles. Alice Pala, qui a travaillé comme secrétaire pour une prostituée suisse, montre ainsi l’importance de la relation téléphonique pour attirer le client. Romaric Thiévent souligne, lui, qu’être danseuse de cabaret, c’est aussi savoir faire boire les hommes tout en restant maître de la situation…

Mais la force principale de ce recueil est sans doute de mettre en évidence la diversité des compétences et des situations de ces travailleurs du sexe qui, s’ils n’échappent pas toujours à la domination et au stigmate, sont loin d’être toujours des exploités ou des esclaves. Au-delà de leur valeur documentaire, ces enquêtes sont une invitation bienvenue à complexifier notre regard sur les liens entre sexe, intimité et argent.