Au 19e siècle, les penseurs européens qui s’intéressent à la Chine la considèrent comme une sorte de fossile vivant. Pourquoi un si vaste pays, potentiellement riche par ses terres, sa population et ses ports n’a-t-il pas développé le capitalisme ? Selon Marx, la raison tient au « mode de production asiatique », à mi-chemin entre l’économique primitive et antique : l’absence de propriété privée et la lourde bureaucratie auraient empêché le développement du capitalisme. Plus tard, dans les années 1950, des penseurs d’inspiration marxiste comme Karl Wittfogel, et sa thèse du « despotisme oriental », ou Étienne Balazs (1905-1963), historien de la « bureaucratie céleste », font de l’État bureaucratique la cause de l’inertie chinoise.
À la thèse marxiste, on pouvait opposer celle de Max Weber, qui met en avant un autre facteur clé : la culture. Pour le sociologue allemand, la religion joue un rôle déterminant dans le développement économique de chaque civilisation. Le confucianisme et le taoïsme, deux des grandes traditions religieuses chinoises avec le bouddhisme, ont de ce point de vue été un frein au développement économique, par la valorisation d’un autre modèle que celui de l’enrichissement matériel.