La promesse, dans son acception formelle, est une parole qui engage l’individu pour le futur. Elle contraint celui qui la prononce. Mais, pour Alain Boyer, c’est surtout l’un des fondements de l’organisation politique des sociétés humaines civilisées. La thèse n’est pas nouvelle, c’est celle de Thomas Hobbes, auteur du Léviathan en 1651, dont l’auteur s’empare pour la confronter à d’autres réflexions sur le sujet allant de Cicéron à Nietzsche. La promesse, de l’Antiquité à nos jours, a soulevé de nombreuses interrogations. D’où vient donc ce besoin de s’engager sur un avenir forcément incertain ? Quelle valeur a une promesse ? Est-il dans l’intérêt des hommes de faire des promesses, et surtout de les tenir ? Rappelant Hobbes, l’auteur soutient que la vie sans promesse est intenable, que sans elle, la coopération entre hommes est impossible et qu’elle est la condition sine qua non pour sortir de la logique de la guerre de tous contre tous. Bien que contraignante pour l’individu, la promesse est un pari nécessaire à la vie collective. L’individu ne peut vivre en société que s’il est capable de tenir ses promesses, au risque d’en être exclu, de devenir un paria n’ayant d’autre perspective qu’une mort solitaire. Pourtant, certaines promesses ne sont faites que pour être rompues, comme celles émises sous la menace ou sous la contrainte de raisons supérieures. C’est pourquoi, comme le montre A. Boyer, Montaigne, Jean-Jacques Rousseau, Samuel von Pufendorf ont eu leur mot à dire et le consensus entre auteurs sur la valeur de la promesse est rarement total. Au final, cet ouvrage réinterroge intelligemment un concept en crise. En effet, plus la société est étendue et les rapports distendus, moins un individu prend de risque à promettre. L’ère de la mondialisation serait-elle celle du parjure globalisé ?
Chose promise
Chose promise . Étude sur la promesse à partir de Hobbes et de quelques autres , Alain Boyer , Puf, 2014, 460 p., 32 €.