L’idée d’évolution des espèces n’est pas l’invention de Charles Darwin. L’année même de sa naissance – en 1809 –, le zoologiste français Jean-Baptiste de Lamarck 1 (1744-1829) publie sa Philosophie zoologique qui contient déjà une théorie baptisée « transformisme ». Selon lui, les animaux auraient évolué au cours du temps en devenant de plus en plus complexes, s’adaptant à leurs conditions de vie, et transmettant ensuite ces caractères acquis à leur descendance. D’autres savants comme le Français étienne Geoffroy Saint-Hilaire ou le zoologiste anglais Robert Edmond Grant défendent les idées de Lamarck. Darwin connaît bien ces idées. Il a lu assez tôt ces auteurs, il a assisté aux conférences de R. Grant. Son grand-père Erasmus Darwin, a publié en 1793 un livre Zoomania qui supposait déjà l’idée de transformation des espèces.
Des savants fixistes, comme Georges Cuvier (1769-1832), le fondateur de l’anatomie comparée, s’opposent aux transformistes et la controverse entre fixistes et transformistes passionne l’Europe savante du temps de la jeunesse de Darwin.
Fils de médecin, il est d’abord un élève assez médiocre (selon ses propres aveux) avant de s’engager dans des études de médecine, qu’il abandonne aussitôt, écœuré par la chirurgie. Il entame alors sans trop de conviction des études de théologie en vue de devenir pasteur. Sa vocation est ailleurs. Il consacre ses loisirs à sillonner la campagne et les bords de mer en récoltant des insectes et des coquillages, ou à lire des ouvrages de zoologie et de botanique. Il est d’ailleurs un défenseur du fixisme – une position cohérente pour un futur pasteur…
C’est alors qu’un professeur avec qui il s’est lié d’amitié lui propose de s’engager comme naturaliste dans une mission de cartographie autour du monde. En 1831, à 22 ans, Charles embarque donc sur le Beagle pour une expédition scientifique qui va changer le cours de sa vie et l’histoire des sciences.
Le voyage du Beagle
Le voyage à bord du Beagle dure cinq ans, de 1831 à 1836. Au cours de l’expédition, le jeune homme visite les îles du Cap-Vert, les forêts brésiliennes, la Patagonie, la Terre de Feu, les îles du Pacifique, Tahiti, l’Australie et l’Afrique du Sud. Il observe, décrit et classe des milliers d’espèces d’insectes, d’oiseaux, de mammifères et de coquillages, envoyant en Angleterre de nombreuses caisses contenant des échantillons de ses découvertes.