D’abord, évacuer le cliché : non, les hackers ne sont pas réductibles aux pirates informatiques aperçus au détour d’une image télévisée floutée, à grands renforts de musique angoissante. Pas simple pour autant de les définir, tant les principaux intéressés, le plus souvent, y rechignent. Ainsi Okhin, grand brun d’une trentaine d’années, très actif dans le soutien aux cyberdissidents durant les Printemps arabes, répète-t-il à l’envi que « n’importe qui peut être un hacker, à partir du moment où il veut l’être ». Une démarche, une façon de faire plus qu’une catégorie ; un processus plus qu’un état.
Biberonnés aux algorithmes
« Comprendre, bidouiller, détourner », énumère l’encyclopédie en ligne Wikipédia. Tout comme leurs prédécesseurs 1 – étudiants rôdant autour des premiers ordinateurs, artisans de l’ordinateur personnel, constructeurs de l’Internet –, les « bidouilleurs » du XXIe siècle revendiquent un usage créatif de la technologie. Leur terrain de jeu excède désormais le champ des logiciels et des réseaux, et leur pratique passe « des bits aux atomes », comme en témoigne l’émergence du mouvement maker 2 et de l’électronique grand public. La meilleure formule est peut-être celle d’Ijon, un Allemand qui travaille à la création d’un réseau wifi « maillé » pour les bateaux : « Face à une technologie qu’il ne connaît pas encore, un hacker ne se demande pas : “Qu’est-ce que c’est ?”, mais plutôt : “Qu’est-ce que je peux faire avec ça ?” »