« Je veux être calife à la place du calife. » Il y a peu, Iznogoud, le petit personnage teigneux imaginé par le René Goscinny, pouvait encore faire rire. Son obsession : prendre la place du calife El Poussah, « commandeur des croyants ». Or, depuis le mois d’août 2014, vouloir devenir « calife à la place du calife », n’amuse plus. À cette date Abou Bakr al-Baghdâdi s’est autoproclamé le nouveau calife et a instauré un État islamique en Syrie et Irak.
En réactivant le symbole du califat, le dirigeant de Daesh entendait capter à son profit un modèle d’organisation religieuse et politique qui a longtemps prévalu en terre d’Islam et possède une forte charge symbolique.
Mais qu’est ce donc le califat ? Les livres de Nabil Mouline et Mathieu Guidère, publiés à quelques semaines d’intervalle nous permettent de comprendre cette longue histoire des califats qui se sont succédé depuis la mort du Prophète Mahomet en 632.
Dans le monde musulman, le calife est le chef suprême de la communauté musulmane (umma). À ce titre, il a vocation d’être le chef politique en terre musulmane et chef spirituel de tous les musulmans du monde, sans parler de chef de guerre qui dirige les expéditions contre les infidèles.
Mahomet cumulait toutes ces fonctions mais ne portait pas encore explicitement le nom de calife. Car le mot « calife » désigne justement « l’héritier », celui donc qui doit hériter des charges politiques et religieuses tenues par le Prophète.