Le confinement imposé par la covid-19 a entraîné la scolarisation à domicile de millions d’élèves français, dans un mélange d’enseignement à distance et de contrôle parental. Pour 30 000 élèves, soit un peu moins de 0,4 % de la population d’âge scolaire, cette situation spéciale constitue une réalité quotidienne : l’« instruction dans la famille », autorisée dès la loi de 1882 sur l’enseignement primaire obligatoire, connaît actuellement une popularité croissante.
Il s’agit, pour une grosse moitié des cas, d’élèves pour qui une scolarité classique est jugée impossible (les jeunes sportifs de haut niveau, par exemple) et qui bénéficient gratuitement des services du Centre national d’éducation à distance (Cned). Pour l’autre moitié, soit environ 14 000 élèves, la décision relève d’un choix des parents. Cette seconde catégorie fait l’objet d’une attention soutenue : tandis que les municipalités mènent une enquête sociale, des inspecteurs contrôlent chaque année la réalité de l’instruction et les progrès de l’enfant dans l’acquisition du « socle commun ». Deux sociologues de l’éducation, Géraldine Fargues et Élise Tenret, viennent de leur consacrer un article nourri d’observations de contrôles au domicile des familles et d’entretiens dans trois académies 1.