Controverses autour de la coparentalité

Apparue récemment dans le vocabulaire de la famille, inscrite dans la loi de 2002, la « coparentalité » s'avère une notion pleine de bonnes intentions, mais néanmoins sujet de controverses. Ne nie-t-elle pas, par exemple, la diversité des familles contemporaines en renvoyant les relations parents-enfants à un seul modèle possible ?

Depuis quelques années, un terme nouveau et un peu mystérieux est apparu dans le vocabulaire des sociologues, psychologues, juristes..., qui étudient et accompagnent les transformations de la famille. La « coparentalité » est devenue le concept majeur qui organise la loi de mars 2002 sur l'autorité parentale.

Cette notion, qui suggère qu'« il est de l'intérêt de l'enfant d'être élevé par ses deux parents 1 » - qu'ils soient en couple ou non, célibataires, mariés ou divorcés, ou, pourquoi pas, de même sexe -, ne manque cependant pas de susciter des controverses. En effet, la coparentalité est une manière de signifier que les parents sont « parents pour toujours » - quels que soient les avatars de la vie des couples - et que les enfants ont généralement deux parents sur lesquels ils doivent pouvoir compter sur tous les plans - affectif, pratique ou économique. N'est-il pas cependant paradoxal d'imposer aux parents de s'entendre, alors même qu'ils sont en conflit ? Est-il raisonnable d'attendre un comportement uniforme de tous les parents, alors qu'on revendique toujours davantage de liberté pour les couples ? Qu'offre-t-on aux parents qui ne parviennent pas à s'inscrire dans ce modèle ?

Pour tenter d'éclairer les termes de ce débat, il faut toutefois revenir sur le succès, depuis une dizaine d'années, de la notion de parentalité qui, elle non plus, ne va pas de soi. Coparentalité, homoparentalité, monoparentalité..., la parentalité s'est en fait imposée à la faveur de l'émergence de réalités connexes. L'invention des familles monoparentales notamment, dans les années 70, a servi à souligner les difficultés économiques et l'isolement des parents seuls, mères pour l'essentiel. Par différence, on en est venu à parler de biparentalité pour désigner les familles à deux parents, ou encore de pluriparentalité, lors de la « découverte » des familles recomposées, dans les années 90 2.

Parent, un métier à part entière

La parentalité englobe la question de la filiation et celle des relations concrètes entre les pères, les mères et les enfants. Comment sont assurées les responsabilités et les tâches associées à la prise en charge de ces derniers ? Avec le développement des savoirs venus de la psychologie et de la puériculture, le « métier de parent » est devenu plus spécifique et complexe. Il exige des compétences mises en jeu tant dans les relations avec les enfants que dans les rapports avec les multiples instances qui contribuent à leur prise en charge.

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L'apparition de la notion de parentalité connote d'une façon bien particulière les rapports enfants-parents, au regard de la notion de famille ou de la question des sexes. Parler de parentalité, c'est considérer que le rapport enfant-parent n'est plus nécessairement médiatisé par la référence à un couple ou de la famille. De même, la question de savoir si le parent est un homme ou une femme n'a plus cours dès lors que le rapport entre générations est envisagé sous l'angle de la parentalité. La naissance de cette notion ne peut pourtant être dissociée de la montée en puissance des revendications relatives à la paternité. Le concept de parentalité peut en effet être utilisé autant pour valoriser les prestations des pères que pour masquer le fait qu'en dépit des aspirations contemporaines, les changements de comportement des hommes au regard des tâches parentales restent d'une faible ampleur, bien en deçà de l'apparente égalité qui semble incluse dans l'idée de parentalité...