Psychologie sociale
De l’effet de groupe aux biais cognitifs
L’étude des préjugés raciaux est un des thèmes fondateurs de la psychologie sociale. Dès les années 1930, des enquêtes d’opinion aux États-Unis rapportaient des attitudes marquées à l’égard des minorités ethniques. Les Noirs étaient jugés « paresseux et violents » ; les Juifs « intéressés et sournois », et les Chinois et autres minorités n’étaient guère mieux lotis.
Comment ces préjugés se forment-ils ? Theodor Adorno (1903-1969), qui dirigea une grande enquête sur la perception des Juifs et des Noirs (The Authoritarian Personality, 1950), avait cru découvrir chez les racistes un profil de « personnalité autoritaire », marqué par des opinions sommaires et une « pensée rigide » liée à l’éducation. L’étude connut un grand succès mais fut critiquée, notamment par une contre-enquête menée par Thomas F. Pettigrew en Afrique du Sud montrant que le racisme anti-Noirs n’était pas en corrélation avec une éducation autoritaire, mais plutôt lié à un contexte culturel : en Afrique du Sud, la ségrégation raciale était alors institutionnalisée.
En 1961, le psychosociologue Muzafer Sherif a réalisé une expérience mettant en présence deux groupes d’enfants dans une colonie de vacances. Après les avoir séparés arbitrairement, rassemblés, puis de nouveau séparés, des réactions d’hostilité se sont manifestées spontanément d’un groupe envers l’autre.