La France se montre souvent sceptique vis-à-vis des nouveaux courants de psychothérapie. Avant la Seconde Guerre mondiale, elle était l’un des derniers grands pays à découvrir la psychanalyse. Celle-ci ne devint hégémonique que dans les années 1970, alors que quasiment partout ailleurs, elle passait au second plan. Au XXIe siècle les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) font une percée tardive dans l’Hexagone, tandis qu’outre-Atlantique les débats concernent d’ores et déjà une floraison de nouveaux traitements aux noms peu ragoûtants : EMDR, DBT, ACT, MBCT… Elles sont parfois qualifiées de troisième vague des TCC, après les thérapies comportementales (initiées dès la fin des années 1950) et cognitives (vingt ans plus tard), bien que chacune se réclame d’approches très diverses.
Quelques-unes revendiquent explicitement une coloration bouddhiste (pour autant que le bouddhisme soit compréhensible pour l’Occident). Ainsi la thérapie d’acceptation et d’engagement (acceptance and commitment therapy, ou ACT), proposée en 1999 par Steven Hayes, de l’université du Nevada, préconise-t-elle en substance de se détacher de ses pensées et du langage pour se concentrer sur ses émotions, et de les reconnaître sans les juger. Le patient est invité à lâcher prise, à cesser de vouloir tout contrôler dans sa vie, mais pas à devenir passif : il lui faut agir davantage en conformité avec ses valeurs fondamentales. La thérapie inclut une initiation à la méditation. Principalement développée par Mark Williams à partir de 2002 depuis l’université de Toronto, la thérapie cognitive fondée sur la pleine conscience (mindfulness based cognitive therapy, ou MBCT) concilie quant à elle thérapie cognitive (savoir s’observer pour repérer puis modifier la mécanique de ses pensées négatives) et, là encore, pratique de la méditation. L’objectif est d’apprendre à se concentrer sur l’instant présent, sans crispation sur ses cognitions, ses émotions, ses jugements de valeur sur soi-même et autrui. Le pari paradoxal de l’ACT comme de la mindfulness est de surmonter ses difficultés en les acceptant. Les deux techniques semblent efficaces contre l’anxiété et la dépression, caractérisées justement par la « rumination » de pensées irrépressibles et sombres. De son côté, la thérapie comportementale dialectique (dialectical behavior therapy, ou DBT), prônée dès 1993 par Marsha Linehan, de l’université de Washington, paraît assez bien adaptée aux patients au profil borderline ou suicidaire : le but est ici de prendre conscience de ses contradictions et d’améliorer ses capacités de socialisation avec un ensemble de techniques pouvant inclure la méditation, d’une manière moins résolument fascinée par la pensée orientale.