La science et la technologie vont-elles permettre à l’humanité de dépasser les limites que lui a assignées la nature, à commencer par son intelligence limitée et la mort qui attend chacun de ses membres ? C’est le postulat de base d’un courant de pensée de moins en moins marginal, le transhumanisme.
Le plus souvent, on date la naissance du transhumanisme contemporain avec le philosophe irano-américain Fereidoun Esfandiary (qui signait FM-2030). Il publia en 1989 son livre Are You a Transhuman ?, mais il défendait ces idées depuis les années 1970. Toutefois, il n’était pas le seul et, à l’époque, bon nombre de hippies, à commencer par le « pape du LSD » Timothy Leary, ont défendu des thèses futuristes qui ont influencé directement ce mouvement.
Disposons-nous aujourd’hui des technologies nécessaires pour franchir le pas vers le transhumanisme ? Un acronyme revient souvent, le « NBIC », soit quatre procédés qui pourraient à moyen terme changer notre environnement et la nature humaine.
NBIC, les technologies du futur
N pour nanotechnologie dont l’objectif est de créer des objets avec une précision infime (en les assemblant atome par atome), afin de leur donner des propriétés extraordinaires. Eric Drexler, considéré comme le fondateur de cette discipline – bien que le physicien Richard Feynman en ait eu l’intuition avant lui –, imaginait qu’elle rendrait possible la fabrication d’« assembleurs » susceptibles de produire n’importe quoi à partir des atomes et molécules existant dans l’environnement immédiat : de la nourriture, des machines, d’autres assembleurs. Bref, on entrerait dans une économie d’abondance. Mais comme le dit l’auteur de science-fiction Ian McDonald en exergue de son roman Nécroville (1994) : « La première chose que nous obtiendrons avec la nanotechnologie est l’immortalité. » Pour l’auteur, elle permettrait en effet de créer des « corps artificiels » perfectionnés et de guérir toutes les maladies grâce à des nanorobots circulant dans nos veines. Aujourd’hui, les spécialistes de la nanotechnologie se sont éloignés des rêves d’E. Drexler. Les assembleurs ou le corps nanotechnologique parfait ne pourront sans doute pas se réaliser : les lois physiques n’autorisent apparemment pas de tels développements. Les chercheurs actuels se concentrent donc surtout sur la création de nouveaux matériaux.