Des études de psychologie à l'insertion professionnelle

Pour avoir droit au titre de psychologue, il faut être titulaire d'un diplôme de psychologie de niveau « Bac + 5 » : cela s'obtient en ayant passé un DEUG de sciences humaines et sociales, mention psychologie (deux ans), suivi d'une licence et d'une maîtrise en psychologie (un an chacune), et enfin d'un diplôme de troisième cycle, à savoir : soit un DESS de psychologie, soit un DEA, assorti d'un stage d'au moins quatorze semaines. S'y ajoutent les diplômes de l'Ecole des psychologues praticiens (Psycho Prat') et du CNAM. Et rappelons que les psychologues scolaires et les conseillers d'orientation, qui ont droit au titre de psychologues, suivent un cursus particulier.

La formation est toujours générale en DEUG, puis elle se spécialise à un niveau variable selon les universités : en théorie, au niveau du DESS ; en pratique, souvent dès la maîtrise. Ce parcours de formation inclut des stages : toujours au niveau du DESS et de la maîtrise, parfois dès le niveau de la licence. La formation ainsi décrite est-elle satisfaisante ? Il faut faire la distinction entre formation théorique et formation professionnelle.

Sélection et/ou orientation ?

La formation théorique donnée à l'université semble bonne ; beaucoup de psychologues la couvrent d'éloges. Ils émettent, certes, quelques réserves, mais sans insister : certains reprochent à leur ancienne université de donner une vision par trop sommaire de tous les courants thérapeutiques autres que la psychanalyse ; d'autres regrettent une spécialisation trop précoce. Quant aux enseignants, ils s'inquiètent de la trop grande diversité des intitulés de diplômes : la commission pédagogique de l'AEPU relève 1, par exemple, que dans le domaine de la santé, si 16 DESS s'appellent « de psychologie clinique et pathologique », les 17 autres ont choisi 9 intitulés différents ; que dans le domaine du travail, il y a 17 appellations pour 33 DESS.

La raison principale des faiblesses de l'enseignement réside selon les enseignants dans le nombre d'étudiants. Quand on a 600 étudiants, on ne peut donner que des cours magistraux ; avec 1 000 étudiants en licence de psychologie, on ne peut pas trouver de stage valable pour chacun ; et ainsi de suite.

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Alors, sélectionner ? Les enseignants sont « pour », et les étudiants « contre » sont moins nombreux qu'on ne le croit, lorsqu'on les prend individuellement. En fait, la question est mal posée : la sélection existe. Elle intervient essentiellement à l'entrée en DESS. Prenons l'exemple de Paris-X : pour l'année 1996-1997, en DESS de psychologie du travail, sur 150 candidats, 25 ont été retenus ; en psychologie sociale, 25 sur 80 ; en psychologie clinique et pathologique, 50 sur 450 ; en psychologie de l'enfance et de l'adolescence, 20 sur 200. Au total, ce sont 86 % des étudiants qui ont été éliminés après une maîtrise, c'est-à-dire au terme de quatre ans et même souvent cinq ans d'études supérieures. Que deviendront-ils ? On ne le sait guère : éducateurs spécialisés ou enseignants, semble-t-il.

Alors, certains voudraient sélectionner plus tôt, et plus ouvertement. Ou, en tous cas, orienter. La création du « semestre d'orientation » en début de DEUG devrait y aider ; mais cela ne suffit pas. Il faudrait vraiment, et le plus tôt possible, informer les étudiants sur les débouchés, leur faire rencontrer des professionnels.

La formation à l'exercice du métier n'est jugée satisfaisante que par la moitié des étudiants diplômés, d'après une enquête d'insertion de Paris-V. C'est encore beaucoup, eu égard aux critiques virulentes de nos interlocuteurs ! Selon eux, l'université ne leur a jamais parlé de statut, de conventions collectives, de salaires, de débouchés, de moyens de trouver un emploi. Certains ne se sont pas inscrits à temps aux concours de recrutement de la fonction publique, faute d'en connaître l'existence ! Fondamentalement, les jeunes ont l'impression que leurs professeurs voient en eux de futurs « sachants », de futurs chercheurs, mais pas de futurs praticiens. Ils s'attachent, avec plus ou moins de succès, à les former aux « techniques » de leur métier - la pratique d'entretiens, de tests... - mais semblent considérer que les aspects pratiques tels que recherche d'emploi ne sont pas de leur ressort. La plupart des jeunes diplômés commenceront à exercer dans un cadre institutionnel - hôpital, maison d'enfants, entreprise - qui opère dans le cadre de lois et de conventions, a des structures hiérarchiques ; le psychologue doit collaborer avec d'autres, assumer des responsabilités, prendre des décisions. Les étudiants n'y sont pas formés, et n'en ont même pas toujours conscience - ce qui leur vaut une image de « nouilles planantes » quand ils débarquent dans ces institutions, selon l'expression pittoresque d'une jeune psychologue 2 !