Des femmes et des paquebots Trois questions à François Drémeaux

Dans l’entre-deux-guerres, le personnel des paquebots comptait de rares femmes. Pour ces dernières, prendre la mer était une forme d’émancipation.

1640248872_facebook-shared-image.jpeg

Vous avez étudié les femmes au service des transatlantiques français de l’entre-deux-guerres… par accident ?

J’étudiais les marins provençaux des lignes des messageries maritimes en Extrême-Orient, pour vérifier l’existence d’un « réseau provençal » dans les embauches. J’ai donc consulté les archives maritimes du Havre, qui contenaient plus de 10 000 dossiers – d’une dizaine à une centaine de pages selon la longévité des carrières – d’hommes ayant travaillé pour la Compagnie générale transatlantique et les Messageries maritimes, grandes compagnies françaises de l’époque. Et puis, avec l’archiviste, nous avons trouvé deux cartons contenant 214 fiches individuelles recto-verso de femmes engagées entre 1921 à 1937, avec des photographies, quelques informations personnelles, les dates d’engagement, les navires concernés, des remarques du contremaître… Il est évident que ces fiches ont échappé à un tri car il n’y avait pas d’intérêt à les conserver : à de rares exceptions près, il n’y avait pas de titulaires parmi ces femmes : au contraire des hommes qui poursuivaient une carrière, elles étaient payées à l’embarquement et ne percevaient pas de pension de retraite. Cela a éveillé ma curiosité, d’autant qu’il n’y avait pas de recherche sur les femmes des compagnies maritimes françaises.