Discriminations, un racisme qui ne dit pas son nom

Le racisme fait de moins en moins référence à la race et se manifeste, entre autres, sous des formes plus souterraines comme les discriminations dans l’accès au travail ou au logement.

1616056827_facebook-shared-image.jpeg

Depuis la fin des années 1990, la question des discriminations ne quitte plus l’actualité sociale et politique en France. Elle a pris la suite des débats sur le racisme qui cristallisait jusqu’ici l’essentiel des attitudes de rejet, de stigmatisation et d’exclusion fondées sur l’origine ethnique ou raciale. Là où le racisme était perçu comme résultant d’une aversion envers des groupes infériorisés, appuyée sur une idéologie qui avait muté d’un fondement biologique à un principe de différentialisme culturel, l’approche par les discriminations propose un renouvellement conceptuel, juridique et politique. En effet, en tant que traitement défavorable en raison de l’origine ethnique ou raciale, la discrimination concerne des actes ou du moins des situations concrètes de sélection où l’idéologie des acteurs et leurs intentions ne sont plus véritablement déterminantes. La discrimination s’apprécie par ses conséquences en termes de pénalité, de filtrages indus dans l’accès à des biens ou à des services. Les discriminations s’inscrivent dans un système de sélections le plus souvent invisibles, où préjugés et stéréotypes informent les décisions sans que les acteurs ne se considèrent comme racistes, ni que l’origine n’ait été réellement été prise en compte à aucun moment des processus de décision. En ce sens, les discriminations ethniques et raciales en France sont une forme de production d’inégalités ethnoraciales sans racisme et sans race.