Y a-t-il un âge pour être écologiste ?

Pour l’instant, l’hypothèse d’une jeune génération en pointe sur le combat environnemental ne tient qu’en comparaison des plus de 60 ans.

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Selon une hypothèse largement répandue dans l’espace public, les jeunes seraient particulièrement investis dans la lutte pour une transition écologique. Mieux, cette forte préoccupation environnementale constituerait une spécificité des générations les plus récentes. Peu de travaux empiriques, cependant, permettent de la mettre à l’épreuve de manière rigoureuse, même si plusieurs questions ayant trait aux attitudes à l’égard de l’environnement ont été posées dans le cadre de l’European Values Study (EVS) et de l’European Social Survey (ESS), de grandes enquêtes par sondage sur les valeurs menées dans plusieurs dizaines de pays européens 1.

S’agissant de la France, l’examen des réponses selon l’âge ne permet pas de conclure à une réelle spécificité des moins de 30 ans comparés à l’ensemble des 30-59 ans. 35 % des 18-29 ans sondés dans le cadre de l’ESS se déclarent ainsi très préoccupés par le réchauffement climatique contre 42 % des 30-44 ans et 40 % des 40-59 ans. Les jeunes ne sont par ailleurs pas plus nombreux à appeler de leurs vœux une transformation de notre modèle de développement : d’après l’EVS, 53 % des 18-29 ans affirment la nécessité de donner la priorité à la protection de l’environnement « même si cela ralentit la croissance et détruit des emplois », mais c’est aussi le cas de 56 % des 30-44 ans et 53 % des 45-59 ans. Ce sont en réalité les cohortes les plus âgées qui se distinguent : sur chacun des items testés, les plus de 60 ans se caractérisent par un souci environnemental significativement moins prononcé. Un tel clivage générationnel a également été mis en évidence dans des travaux portant sur d’autres types d’attitude (mœurs, égalité entre les femmes et les hommes, etc. 2).