En lâchant à deux reprises à la presse le mot « écoterrorisme », le ministre Gérald Darmanin a déclenché un beau tollé. Qualifiant ainsi les deux manifestations antimégabassines de Sainte-Soline ayant tourné à l’affrontement violent, il s’attira non seulement les foudres de représentants de l’opposition, mais les critiques indignées de nombreux commentateurs.
On se dira que, de toute façon, le terme choisi était un canard boiteux. Autant la notion de « terrorisme » possède une définition établie, autant sa déclinaison environnementaliste est un hapax juridique en français. Est-il d’usage en effet de parler d’islamoterrorisme, de gauchoterrorisme ou de fachoterrorisme, à propos des attentats le plus souvent perpétrés en France depuis deux décennies ? Le terrorisme est théoriquement un mode opératoire indifférent à la cause qu’il défend. En lui accolant le préfixe « éco », le ministre inventait-il une espèce de crime inédit commis au nom du bien de la planète ? Les commentateurs bien informés n’ont pas manqué de signaler qu’il s’agissait en réalité de la reprise d’un néologisme anglophone forgé en 1983 et adopté par le FBI et les autorités britanniques. Il a servi à désigner des agissements violents contre des personnes ou des biens menés au nom de la défense de l’environnement et des espèces animales maltraitées.