Le chiffre peut sembler extraordinairement élevé : en France, un enfant ou adolescent sur huit souffre de troubles mentaux. Anorexie et boulimie, troubles de l'humeur (dépression et troubles maniacodépressifs, qui touchent 3 % des 13-19 ans), troubles anxieux (5 % des enfants), schizophrénie, autisme, hyperactivité, Toc (trouble obsessionnel-compulsif), la palette est large. Or, si l'on connaît de mieux en mieux les mécanismes d'apparition de ces troubles, ainsi que les conséquences de ces affections sur le devenir de ces jeunes malades, des progrès considérables restent à faire en ce qui concerne le diagnostic et la prise en charge. A commencer par la réduction du temps, souvent de plusieurs années, qui sépare l'apparition des premiers symptômes et le dépistage du trouble... Pour la première fois en France, une expertise collective 1, menée par l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), a rassemblé et analysé l'ensemble des données scientifiques, nationales et internationales, qui existent sur les troubles mentaux de l'enfant et de l'adolescent. Il s'agit au total d'environ 3 000 articles qui ont été examinés par différents spécialistes en épidémiologie mais aussi des psychiatres, neurobiologistes, neuroscientifiques...
Que ressort-il de leur travail ? Tout d'abord, des différences sont remarquées selon le sexe et l'âge. Jusqu'à 12-13 ans, les garçons sont plus nombreux que les filles dans les secteurs infantojuvéniles de psychiatrie, puis la tendance se renverse. Les études épidémiologiques indiquent également l'impact de certains événements des périodes anté et périnatale sur le développement des troubles mentaux ; on trouve par exemple, dans la schizophrénie, un effet de la prématurité ou d'un faible poids à la naissance, ou encore d'un stress intense ou d'une dépression maternelle pendant la grossesse.