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Si des cas de maigreur sévère ont existé de longue date, le terme « anorexie mentale » n’est apparu qu’au milieu du 19e siècle. Un médecin français, Louis-Victor Marcé, publie en 1860 « Note sur une forme de délire hypocondriaque consécutive aux dyspepsies et caractérisée principalement par le refus d’aliments ». Il est le premier à comprendre qu’il s’agit d’une maladie mentale et à poser les bases d’un traitement. Le terme « anorexia nervosa » est proposé en 1873 par Charles Lasègue en France et William Gull en Angleterre.
Jusque-là, les comportements de restriction alimentaire appartenaient au domaine de l’ascèse et se comprenaient comme une quête mystique de pureté et d’élévation de l’âme. On peut citer sainte Catherine de Sienne, au 14e siècle. Plus près de nous, l’impératrice Sissi souffrait d’anorexie mentale, mais ses les motivations relevaient d’un souci esthétique.
Jusque dans les années 1960, cette pathologie est restée très rare. On savait la reconnaître, mais on en connaissait mal les mécanismes : tantôt on l’assimilait à l’hystérie, tantôt on y voyait un dérèglement hormonal. Quand les chiffres ont littéralement explosé à partir de la décennie 1970, on a pris conscience de l’impact de cette pathologie sur la santé mentale de toute une génération de jeunes femmes et constaté que les armes pour y faire face manquaient cruellement.Comment expliquer ce brusque changement épidémiologique à cette période particulière ? Pourquoi les jeunes filles et les jeunes femmes en ont-elles été les victimes ?
Changements culturels et corporels
Le premier facteur tient à l’arrivée massive des images dans nos sociétés : télévision, magazines, photos de stars. Ces nouveaux médias, préfigurant les réseaux sociaux d’aujourd’hui, montraient des femmes souvent très minces, ce qui a contribué à promouvoir l’intérêt pour une certaine beauté physique au détriment des autres dimensions de la personnalité.