Et les hommes peuplèrent la Terre...

Il y a environ 2 millions d’années, des hommes 
quittèrent l’Afrique pour se répandre en Eurasie. 
Cette première migration marquait le début 
d’un processus continu, qui a abouti à ce que notre 
espèce se répande sur la planète entière.

L’homme est le seul mammifère occupant la quasi-totalité de la planète, exception faite de quelques régions comme l’Antarctique. Ce formidable succès tient pour l’essentiel au développement de sa technologie, qui lui a permis l’accès à des environnements étrangers à ses terroirs d’origine : les savanes africaines. L’homme est en effet mal adapté aux environnements froids : il n’a pas une couche de graisse sous-cutanée, ni une épaisse fourrure, l’une et l’autre peu utiles sous les latitudes africaines.

 

Premières incursions hors d’Afrique

Cependant les hominidés ont parcouru de vastes territoires, même avant d’avoir acquis les technologies leur permettant de totalement s’affranchir des contraintes physiologiques développées en réponse à leurs premiers environnements africains. Ainsi, le site de Dmanisi, en Géorgie, a livré les plus anciens restes humains découverts hors d’Afrique. Ce site fut occupé il y a environ 1,8 million d’années par un hominidé présentant des caractéristiques voisines de celles d’Homo erectus (pour les différents types d’Homo évoqués dans ce texte, fresque ci-dessous), avec quelques traits rappelant son prédécesseur, Homo habilis. Ces populations africaines se dispersant vers l’Asie et l’Europe ont traversé le Proche-Orient, où malheureusement aucune découverte de ce type n’a encore été réalisée.

Il faut garder à l’esprit que les découvertes de ce type sont exceptionnelles. Car même si les périodes concernées sont longues, la très faible densité de la population humaine (quelques milliers d’individus sans doute, guère plus) et les phénomènes destructeurs, survenus avant et après l’enfouissement des vestiges, font que les traces les plus anciennes sont rarissimes. Aussi les sites et fossiles connus ponctuent de manière très lâche une chronologie et une géographie. Chaque découverte est susceptible de remettre en cause la précédente. Il est tout à fait possible que nous découvrions un jour un autre Dmanisi ailleurs, en Espagne par exemple où les plus anciens fossiles approchent 1,2 million d’années.

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La route vers l’Europe a très certainement suivi le tracé des côtes méditerranéennes : Turquie, Grèce, rivages balkaniques, Italie, France, Espagne. Le site d’Atapuerca, en Espagne, a livré une impressionnante collection de populations fossiles s’étageant entre - 1,2 million d’années et - 300 000, les premières étant à ce jour les plus anciennes traces d’occupation en Europe occidentale. En France, le site de Lézignan-la-Cèbe attesterait d’une présence humaine vers - 1,6 million d’années, mais cette découverte récente doit encore être confirmée et des fouilles y sont actuellement en cours. En revanche le site du Vallonet est occupé autour de - 1 million d’années, date vers laquelle il semble acquis que le bassin méditerranéen est durablement peuplé, au contraire des plus hautes latitudes, peu fréquentables durant les épisodes climatiques froids.

Des traces d’occupations septentrionales existent cependant, comme à Happisburgh (Angleterre) où des hominidés ont vécu il y a au moins 800 000 ans, dans un climat proche de celui actuellement rencontré dans le sud de la Scandinavie. Néanmoins, les incursions de ces hommes au-delà du 45e degré de latitude nord (Bordeaux) semblent encore rares, du moins jusqu’à l’acquisition de la maîtrise du feu vers - 400 000 à - 500 000 ans.

Vers l’est de l’Ancien Monde, il semble que dès - 1,8 million d’années, soit dans le même espace chronologique que Dmanisi, des hominidés aient atteint la Chine (site de Longuppo Cave), et ensuite assez rapidement le Sud-Est asiatique jusqu’à l’Indonésie et l’île de Florès, point extrême de l’avancée vers l’est d’Homo erectus. Ces populations d’Homo erectus peuplant dès lors ces vastes régions semblent s’y maintenir très tardivement, peut-être même jusqu’il y a peu (quelques dizaines de milliers d’années ?).