Et si les femmes de la préhistoire étaient bien plus que des mères et des gardiennes du foyer, comme on les a longtemps présentées ? Au 19e siècle, les premiers préhistoriens qui étaient des hommes projetaient en effet l’organisation de leur propre société sur ce qu’ils imaginaient être la vie de leurs ancêtres.
Mais, aujourd’hui, les progrès des recherches ainsi que l’arrivée de femmes dans la discipline ont permis de renouveler le tableau de nos lointaines ancêtres. À commencer par leur apparence : on sait maintenant que, loin d’être de frêles créatures, elles étaient si robustes que leur ossature a été comparée à celle d’athlètes de haut niveau. De nouvelles approches comme l’analyse des isotopes des os ou l’observation des traces de stress musculo-squelettiques permettent d’en savoir plus sur ces femmes du Paléolithique supérieur (environ 40 000 à 12 000 ans avant le présent). Par ailleurs, de prudents parallèles avec des populations récentes de chasseurs-cueilleurs permettent d’avancer de nouvelles hypothèses concernant leur mode de vie.
Cinq ou six enfants par femme
Ainsi, par exemple, on a longtemps représenté les mères de la préhistoire entourées d’une ribambelle d’enfants. Pourtant, dans la plupart des sociétés non industrielles, les femmes n’ont pas attendu les méthodes modernes de régulation des naissances pour maîtriser leur cycle menstruel et leur fécondité. Elles pratiquent aussi l’abstinence ou usent de plantes abortives lorsqu’elles ne désirent pas procréer. On en a des témoignages écrits dès l’Antiquité. Chez les chasseurs-cueilleurs modernes dont le mode de vie exige un contrôle des naissances, on a constaté que les maternités étaient espacées de quatre à cinq ans. Or des analyses récentes de dents humaines du Paléolithique supérieur semblent confirmer un tel contrôle.