« Que pensez-vous de la civilisation occidentale ? », demandait un jeune journaliste américain au mahatma Gandhi. « Je pense que ce serait une bonne idée. » L’anecdote apparaît dans les toutes dernières pages d’Europa. Notre histoire, l’imposante somme consacrée à la mémoire de l’Europe, parue en septembre 2017 aux éditions Les Arènes. Probablement apocryphe, la boutade illustre à la perfection le dilemme des Européens. Alors qu’ils se sont longtemps perçus comme le fer de lance de « la » civilisation, la fin de l’époque coloniale puis l’émergence de nouvelles puissances et le développement d’une histoire-monde sont venus, chacun à sa façon, démonter les ressorts de cette autosatisfaction, les obligeant à repenser autrement leur identité. Voilà probablement qui explique la multiplication de travaux cherchant ce que signifie « être européen ». Dans cette quête, les questions culturelles et mémorielles occupent aujourd’hui – en France tout au moins – une place de choix. On pense par exemple au programme « Écrire une nouvelle histoire culturelle de l’Europe ». Porté par onze institutions de recherche françaises, il invite à définir l’Europe comme le « résultat d’une civilisation matérielle ». Pour sa part, l’historienne Emmanuelle Loyer vient tout juste de publier Une brève histoire culturelle de l’Europe. C’est dans ce courant que s’inscrit Europa. Notre histoire, ouvrage collectif de plus de 1 385 pages, dirigé par Étienne François et Thomas Serrier.
Europa Notre histoire
Europa. Notre histoire , Étienne François et Thomas Serrier (dir.), Les Arènes, 2017, 1 385 p., 39 €.
L’Europe, c’est quoi ? Qu’on l’aborde par la géographie, l’histoire, la politique, les institutions ou la culture, on peine à définir précisément cette petite péninsule eurasienne. Alors pourquoi ne pas la chercher plutôt dans nos mémoires ?