Le nombre de professionnels de santé ayant recours à l’hypnose ne cesse de croître. Les psychologues et psychiatres l’utilisent face aux troubles anxieux et dépressifs, aux traumatismes psychiques, aux deuils, aux difficultés professionnelles, au manque de confiance et d’estime de soi, à la boulimie, aux troubles du sommeil ou encore aux problèmes sexuels sans cause organique…
L'hypnose est également mobilisée pour renforcer la motivation des étudiants et des sportifs, dont elle soutient les capacités de concentration et d’apprentissage. Au niveau somatique, elle apporte un soulagement dans les douleurs chroniques et aiguës, l’asthme, le côlon irritable, les allergies, le psoriasis, l’eczéma… 1 Elle est également utilisée, comme soin de support, dans l’accompagnement des maladies graves telles que le cancer. Certains dentistes et anesthésistes y recourent lors de soins et d’examens médicaux douloureux ainsi que lors d’opérations chirurgicales.
De l’obscurantisme à la science
L’hypnose est pratiquée depuis la nuit des temps, sur tous les continents, sous des appellations diverses par des prêtres, des sorciers, des chamanes, des guérisseurs, etc. Il faudra néanmoins attendre le 18e siècle pour que les scientifiques occidentaux s’y intéressent. C’est à Étienne Félix d’Hénin de Cuvillers que l’on doit, en 1819, le préfixe « hypn » issu du mot grec « hupnos » signifiant « sommeil ». Le médecin allemand Franz Anton Mesmer (à ne pas confondre avec un certain Messmer, hypnotiseur contemporain issu du monde du spectacle) est un des premiers à l’affranchir de l’obscurantisme et à l’amener dans le giron de la science. Au 19e siècle, le père de la psychologie Pierre Janet, hypnothérapeute de génie, est un des théoriciens les plus brillants. Sigmund Freud, reprend ses thèses à son compte, mais après avoir encensé la méthode, il la voue aux gémonies dans le but de promouvoir son invention, la psychanalyse. En 1896, il proclame renoncer à l’hypnose, la condamnant ainsi au déclin. Il continuera toutefois à l’utiliser officieusement au moins jusqu’en 1924. C’est le psychiatre américain Milton Erickson (lire encadré ci-dessous) qui sort l’hypnose des oubliettes dans les années 1930. Il conçoit une hypnose permissive dont s’inspire aujourd’hui une majorité d’hypnothérapeutes. Pour lui, l’hypnose n’a pas vocation à soumettre le patient, mais à le reconnecter à ses ressources afin qu’il trouve ses propres solutions aux difficultés qu’il rencontre. Si M. Erickson fait des émules, il faudra cependant attendre quelques décennies pour que l’hypnose reçoive toute l’attention qu’elle mérite.