Généalogie de la morale économique

Généalogie de la morale économique. L’Occupation du monde, vol. II, Sylvain Piron, Zones sensibles, 2020, 448 p., 23€.

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à la suite d’un premier volume (L’Occupation du monde, 2018), Sylvain Piron revient dans cet ouvrage de longue haleine sur la généalogie médiévale insoupçonnée de nos catégories économiques. Elles commencent à s’établir à partir de l’époque moderne et d’une première mondialisation consécutive à l’exploitation du Nouveau Monde. Elles s’imposent a fortiori au 19e siècle avec l’apogée des empires coloniaux. Mais c’est davantage comme mode de pensée qu’il importe de percevoir comment l’économie de nos vies possède des racines profondes. Qu’il s’agisse de la conception du travail comme malédiction divine (« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ») ou bien de cette conception du temps comme devant être empli par du travail dans un souci d’efficacité, de l’apparition et de l’évolution des notions de risque ou de valeur, on mesure à quel point nous sommes équipés d’une mentalité bien plus ancienne que nous le croyons habituellement. C’est l’idée même de modernité qui s’en trouve réévaluée puisque, par une torsion lente mais nette, on arrive à voir quels linéaments se sont entremêlés pour aboutir à nos concepts de temps, de travail ou de valeur.