L’année 2011 a été marquée par une suite d’événements sans précédent dans plusieurs pays du Maghreb et du Machrek que les Occidentaux ont baptisée « Printemps arabe ». Frédéric Encel en donne a posteriori et par petites touches une analyse géopolitique, c’est-à-dire sans complaisance. Il s’agit pour lui d’aller au plus près des « perceptions identitaires, collectives » qui structurent les régions arabes pour comprendre le pourquoi, le comment, et de réfléchir à l’avenir possible de ces mouvements. Au départ de ces révoltes, on trouve, selon F. Encel, la très forte frustration sociale et économique entretenue par des dynasties ou des castes au pouvoir oublieuses de tout service public. Mais leurs occurrences différentes selon les pays sont liées à des détonateurs et à des freins particuliers, comme en Algérie où la peur de la guerre civile a étouffé tout soulèvement. D’autres forces géopolitiques ont joué : la façon dont le Printemps arabe a essaimé ou non ne se comprend qu’au regard de la mésentente chronique divisant ces pays sur fond de rêve panarabique. Également, dans ce désordre, ont joué la désunion ainsi que les illusions européennes et états-uniennes, puissances hésitantes – mais pas toujours – à s’engager dans cette région du monde, face à une Russie qui soutient indéfectiblement la Syrie tout en votant les sanctions imposées à l’Iran…
Géopolitique du Printemps arabe
Géopolitique du Printemps arabe , Frédéric Encel , Puf, 2014, 242 p., 18 €.