« Faut-il sauver le soldat OMS ? » s’interroge Olivier Nay, professeur de science politique, dans un texte publié durant l’été 2020 par le groupe de réflexion Santé mondiale 2030 1. Sur la page de garde figure le logo de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) barré d’une mention « À RÉFORMER » en lettres rouges. O. Nay décrit une institution au pouvoir affaibli par la volonté des États de gérer par eux-mêmes les crises sanitaires. L’OMS apparaît comme « un cas d’école de la difficulté croissante des institutions multilatérales à répondre aux risques collectifs », souligne O. Nay, pointant la nécessité d’une gouvernance mondiale en matière de santé.
De l’international au global
Le concept de « santé internationale » – renvoyant au contrôle transfrontalier des épidémies – existe depuis la fin du 19e siècle. Il a été supplanté par la « santé globale » au cours des années 1990. Définie comme « le domaine d’étude, de recherche et de pratique accordant la priorité à l'amélioration de la santé et à l'équité en matière de santé pour tous les peuples du monde 2 », la santé globale renvoie à la considération des besoins en santé de la population mondiale au-delà des intérêts particuliers des nations. Elle reflète aussi l’implication croissante des acteurs non étatiques dans la santé à l’échelle mondiale 3 : fondations philanthropiques, organisations non gouvernementales, laboratoires pharmaceutiques…