Aron D’Souza, homme d’affaires australien, basé à Londres, a décidé d’organiser des Jeux olympiques ouverts aux athlètes dopés : The Enhanced Games. L’idée a été reçue avec incrédulité dans le monde sportif. N’était-ce pas remettre en cause la santé des athlètes et l’esprit même du sport ? Qu’à cela ne tienne, Aron D’Souza a réussi à fédérer des investisseurs autour de son projet un peu fou – dont Peter Thiel, le cofondateur de PayPal – et espère le réaliser à partir de 2025. On pourrait n’y voir que le caprice de riches hommes d’affaires en quête de buzz. Dans le même temps, il a le mérite d’interroger les raisons et les arguments de la lutte antidopage.
Sur le site des Enhanced Games, ses promoteurs rappellent que, selon l’Agence mondiale antidopage elle-même, il se pourrait que 40 % des athlètes recourent chaque année à des substances dopantes. Ce relatif échec de la lutte antidopage fait pourtant suite à un contrôle très strict sur les athlètes de haut niveau. Tous doivent être en mesure de fournir des échantillons de sang et d’urine à tout moment, sans préavis, puis doivent continuellement indiquer où ils se trouvent (ce que les promoteurs des Enhanced Games voient comme une atteinte aux libertés). Mais comme tous les pays n’appliquent pas ce contrôle de manière aussi stricte, certains athlètes passent plus facilement à travers les mailles du filet. Dans ces conditions, certains athlètes ont donc un avantage certain sur leurs concurrents, souligne Aron D’Souza, qui pousse son raisonnement jusqu’au bout : ne serait-il donc pas plus juste de laisser tout le monde se doper ?
Pour soutenir un tel projet, et attirer les athlètes, les promoteurs des Enhanced Games mettent aussi en avant un argument financier. D’abord, ils proposent de limiter le nombre d’épreuves aux cinq grandes disciplines (l’athlétisme, la natation, la gymnastique, les sports de combat et de l’haltérophilie), au lieu de 32 aujourd’hui, de quoi limiter les coûts d’organisation pour les villes organisatrices, et donc pour les contribuables. Puis, en libéralisant le dopage, ils espèrent des performances hors du commun, ce qui permettrait encore d’accroître l’impact médiatique.