Guerre froide : le choc des superpuissances

La guerre froide détermine la politique mondiale durant la seconde moitié du XXe siècle autour des États-Unis et de l’URSS. Ce conflit à la fois globalisé et limité est ponctué de crises qui ont fait craindre une apocalypse nucléaire.

L’expression de « guerre froide » est imaginée en 1947 par le journaliste américain Walter Lippmann pour qualifier la forte tension américano-soviétique évidente dès cette année-là. Mais dès 1950 et avec la guerre de Corée, l’expression, même si elle reste, ne convient plus. La guerre froide est un conflit Est-Ouest de longue durée, avec une gamme complète allant de simples tensions à des épisodes violents, avec un risque variable mais jamais nul de passage à l’extrême nucléaire. Mais c’est aussi un conflit marqué par des épisodes de « détente ». On a affaire à une véritable guerre, mais d’un type spécial.

Les tensions américano-soviétiques commencent dès 1945-1946 à propos des détroits turcs et de l’Iran. Elles s’aggravent en 1947, quand il devient évident que Moscou, outre la soviétisation de l’Europe orientale, cherche à contrôler l’ensemble de l’Allemagne, au-delà de sa zone d’occupation, ainsi que le Moyen-Orient. Washington réagit par la « doctrine Truman » : les États-Unis proposent d’aider les pays soumis à une pression intérieure ou extérieure de la part de l’URSS. Le plan Marshall est mis en place, afin d’empêcher la Russie et les partis communistes de profiter de la crise économique et sociale que traverse l’Europe occidentale.

En 1948-1949, la tension s’aggrave encore avec le « coup de Prague » 1 de février 1948 et le blocus de Berlin-Ouest à partir du mois de juin. Staline essaie de faire échouer la reconstruction de l’Europe occidentale, tout en consolidant son emprise sur l’Est du continent. Les Occidentaux réagissent en constituant une organisation défensive, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) en avril 1949. Le monde se divise alors en deux ensembles opposés politiquement, stratégiquement et idéologiquement, tandis que la Chine, désormais communiste, rejoint l’URSS. En 1950, la guerre de Corée fait de la guerre froide un affrontement militaire, même s’il reste limité. Dès lors, la course aux armements, y compris nucléaires, se déchaîne. Les crises se multiplient, jusqu’aux plus graves : Berlin en 1958-1961, Cuba en 1962, Viêtnam entre 1964 et 1975 (encadrés ci-dessous).

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De la détente à la chute de l’empire soviétique

Américains et Soviétiques prennent alors conscience des dangers de la guerre nucléaire et décident d’amorcer une certaine détente. Celle-ci n’est pas dépourvue d’arrière-pensées. Néanmoins, une série d’accords stabilise la situation : arrêt des expériences nucléaires dans l’air, l’eau ou l’espace en 1963, traité de non-prolifération en 1968, accords Salt (négociations sur les conditions de la limitation sur les armements stratégiques) de 1972 et 1979. À partir de 1975, des conférences régulières sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) réunissant les pays européens, les États-Unis et le Canada commencent à établir un minimum de concertation et de règles de conduite entre les deux camps. Pendant ce temps, des pays comme la France ou même la République fédérale d’Allemagne mènent de plus en plus leur propre jeu : « indépendance nationale » à Paris, Ostpolitik à Bonn. De son côté, la Chine rompt avec l’URSS.