Il était une fois… un monde merveilleux où la guerre n’existait plus. Les combats avaient disparu, les combattants avaient disparu, les armes mêmes n’étaient plus tout à fait des armes. Et ce monde merveilleux, c’est déjà le nôtre, grâce aux drones… Le drone est, selon la définition de l’armée des États-Unis, « un véhicule terrestre, naval ou aéronautique, contrôlé à distance ou de façon automatique ». C’est donc une arme qui se passe de la présence physique du pilote. On sait quels sont les arguments qui vantent ses mérites : le drone permet d’éviter les pertes militaires, il pénètre des endroits inaccessibles aux troupes et la précision de ses frappes (dites « chirurgicales ») limite les dommages collatéraux. De tels avantages ont entraîné une croissance rapide de l’équipement américain : le nombre de ces engins armés a crû de 1 200 % entre 2005 et 2011. Entre 2004 et 2012, on impute aux drones entre 2 640 et 3 474 ennemis abattus. Rien d’anodin donc à la « dronisation » de l’armée américaine. Au-delà des chiffres, l’intérêt du livre de Grégoire Chamayou est de donner à voir à quel point non seulement les drones bouleversent nos conceptions de la guerre, mais ouvrent un horizon où guerre et paix se mêlent indistinctement.
Guerre ou chasse à l'homme ?
Théorie du drone . Grégoire Chamayou , La Fabrique, 2013, 363 p., 14 €.