Heidegger. L'introduction du nazisme dans la philosophie. Autour des séminaires inédits de 1933-1935 - Heidegger et la question de l'humanisme. Faits, concepts, débats

Bruno Pinchard (dir.), Puf, 2005, 388 p., 25 €.

La philosophie de Martin Heidegger, dont l'engagement en faveur du nazisme est déjà bien connu, constitue-t-elle une menace pour la pensée ? Tel est à nouveau le débat qui fait rage aujourd'hui.

« Nous n'avons pas encore pris toute la mesure de ce que signifie la propagation du nazisme et de l'hitlérisme dans la "pensée", cette lame de fond qui s'empare progressivement des esprits, les domine, les possède et supprime en l'homme toute notion de résistance. » Telle est, pour Emmanuel Faye, la raison de revenir une fois de plus sur la « question Heidegger », entendez le problème posé par l'engagement nazi du célèbre philosophe allemand.

Près d'un demi-siècle après la défaite du IIIe Reich, il y a donc un combat sur le champ de bataille philosophique entre « réhabilitation des fondements du nazisme » et résistance à l'hitlérisme de la pensée. Ces termes, sans doute un peu forts, sont ceux de E. Faye, philosophe spécialiste de la Renaissance qui se pourvoit en défenseur d'un humanisme balayé par Martin Heidegger. Il s'appuie sur des documents inédits ou non traduits jusqu'à présent pour montrer que, dès l'hiver 1933-1934, le penseur, membre du NSDAP et soutien de Hitler, a légitimé et diffusé les fondements du nazisme. L'auteur refuse avec force la position de nombreux philosophes heideggériens qui regrettent cet égarement mais estiment qu'il ne disqualifie pas l'ensemble de son œuvre.