Histoire d'un divorce

La Gauche et les Juifs, Robert Hirsch, Le Bord de l’eau, 2022, 216 p., 18 €.

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Selon Robert Hirsch, en France, les liens entre la gauche et les Juifs seraient « en train de se lézarder sérieusement ». Ce constat résulte d’une enquête au long cours, menée par l’auteur. Historiquement, le Bund, réagissant à la violence antisémite dans la Pologne du 19e siècle, défendait à la fois une autonomie culturelle et un courant né en Autriche dit austro-marxiste. Le marxisme de Karl Marx ou de Rosa Luxemburg, prôné par de nombreux Juifs, préférait en revanche minimiser la question juive au profit de l’internationalisme. Le sionisme de Theodor Herzl, empreint de paternalisme et de nationalisme, a longtemps lui aussi été dominé par un courant de gauche socialiste. Il sera débordé progressivement par un sionisme de droite, sinon d’extrême droite. En Mai 68, les mouvements gauchistes comptèrent beaucoup de Juifs dans leurs rangs, du PCF à la dissidence communiste et divers trotskismes, au point qu’on a pu dire que ces derniers, avec leur capacité d’abstraction, étaient une « idéologie du judaïsme déjudaïsé ». D’origine étrangère, ces Juifs de gauche ne se sentaient pas Français et rêvaient d’un internationalisme où l’identité juive ne serait pas abolie.