L’humanisme n’en est pas à sa première volée de bois vert. Sans remonter trop loin en arrière, on peut dire que ce mot (ou notion) à la géométrie complexe a subi autant d’attaques variées qu’il présentait de facettes. Dignité proclamée de l’homme, laïcité, libre arbitre, confiance dans le progrès, autonomie morale, philanthropie, respect d’autrui, ouverture d’esprit, universalisme, etc. : selon le flanc présenté, l’arme de l’attaquant pouvait n’être pas la même. Du simple doute de la capacité de progrès de l’homme chez Montaigne à la condamnation de l’humanisme comme idéologie bourgeoise chez Karl Marx (sans douter du progrès), puis à la sainte colère (par exemple) d’un Jacques Ellul n’y voyant plus, suite aux grands crimes de l’histoire moderne, que le masque néfaste du crime de masse, de la domination (coloniale) et de l’ethnocentrisme occidental, la charge n’a fait que s’alourdir, aussi bien sur le plan moral que théorique.