Île de Pâques : la catastrophe a-t-elle vraiment eu lieu ?

Les habitants de l’île de Pâques auraient été irresponsables. Ils auraient abattu tous les arbres de leur petite île afin de transporter les énormes statues moais sur des rondins de bois. Suite à cette déforestation massive, leur civilisation aurait sombré. Telle est la thèse défendue par Jared Diamond dans son livre, Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie (Gallimard, 2 006), ouvrage qui a fait grand bruit aux États-Unis. Car l’exemple de l’île de Pâques, comme celui des Vikings ou des Mayas, sonne évidemment comme un avertissement pour notre propre civilisation.

L’île de Pâques est située en plein cœur de l’océan Pacifique. Les données génétiques et linguistiques convergent sur l’origine de son peuplement. Ce seraient des tribus venues de la lointaine Polynésie entre 500 et 800 apr. J.‑C., pensait-on jusque-là. Après la phase initiale de colonisation, et malgré des ressources locales limitées, les Pascuans auraient réussi à construire une société assez prospère. La rivalité de prestige entre les tribus serait sans doute l’une des motivations qui auraient poussé chaque clan de l’île à ériger des statues toujours plus hautes et majestueuses, représentant des ancêtres divinisés qui l’auraient colonisée. Le transport des statues des carrières de pierre aux côtes de l’île aurait exigé énormément de bois. D’où une déforestation systématique ayant entraîné la disparition des principales ressources de l’île. La société pascuane aurait alors sombré dans le déclin et la misère, poussant les habitants au cannibalisme.

, n° 174, août-septembre 2006.